J’aime le grain de sable qui s’laisse pas moudreQu’a toujours envie d’en découdre,Qu’a la voix pour gueuler contre vents et marées,Contre maître.J’aime le grain de folieEt ses idées nouvelles ;Il est temps les enfants d’séquestrer l’père Noël,Pour qu’il donne à tout l’monde pareil.J’aime le grain de raisinQui fait perdre la raison,Quand le sang de la terreRime avec la colèreEt pas avec pochtron.J’aime le grain de sable qui s’laisse pas faireQui ramène toujours, toujours son grain de sel,Qui le mêle au café, au poivre et au saté,Qui voyage.J’aime le grain poivre et selAux tempes de mon pèreEt le grain de bon sens dans les yeux de ma mère ;Et sur la tête de ma mère !J’aime les grains d’une familleLes vieux et puis les gosses,Côte à côte pour la vieDans l’épi, dans la cosseRefusant d’abdiquer contre képi et crosse.J’aime le grain de sable qui sue qui pète,Qui prend la rue pour une conquête ;Qu’en a vu, qu’en a bu mais jamais vermoulu,Toujours fier.J’aime les grains qui s’égrainentPour les oiseaux l’été ;Qu’importe s’ils sont laids,Ils sont grains de bonté, d’la lumière.J’aime les grains qui s’engrainentEt les grains qui s’emballentQui deviendront jamais d’la farine à dix balles,D’la poussière.





