Ça y est j’enfourche un charterMais pour moi toubabou ça signifie moins cher et pas enfer,Ils prennent différents airs les charters pour traverser la mer....J’suis pas en fuite, c’est pas l’retourJ’ai pas d’famille où j’vais me poser, pas d’souvenirs,Juste les yeux écarquillés, pour m’en fabriquer.Gao, mali ; une ville en terreDes maisons qui s’élèvent des gens assis par terreA converser, à boire le thé.Une chèvre en train d’griller,Une autre qui mange du plastique à mes pieds :J’établis le rapport vite fait, bon appétit,C’est pas bien grave on mange pas très équilibréNon plus dans mon pays.Premier thé, amer comme la mortA la santé de l’Azaouad à la lisière du SaharaNgé son verre gnékéléThé prémié verre gnékéléJ’fais des courbettes aux chameauxEt des clins d’yeux aux chamelles,J’écoute le rythme des dunes et les syncopes du silenceQui s’balancent, qui s’balancent....Eh, monsieur du chameau,Que je me sens petit, que vous me semblez haut.C’est donc ici chez vous,Silencieux, bien exposé.Vous savez que chez moi ces goujatsOnt osé diffuser votre portrait, pour vendre des cigarettes,Mais excusez-les, vous savez c’que c’estIls ont le cerveau ensablé.Deuxième thé, doux comme la vieEt dans les ruelles de Kidal, y a des p’tits yeux qui s’emballent,Ngé son verre gnékéléThé deuxième verre gnékéléRongés par la malaria :Cadeau-polio, destin-bancalEt tout à coup j’entends chanter « Mandjou »,La voix de Salif régale sur ce vieux poste qui râle.Quelque part dans une ruelle,A l’heure où te pique le moustique Anofel femelle,Des gens sont concentrés, autour d’une vielle téléIls écoutent les propos d’un président françaisSur des questions mondiales,Il va quand même pas nous refaire le coup de la fracture sociale,Mais un p’tit bonhomme m’interpelle« S’il te plaît monsieur, donne-moi un cadeau, des francs, un cahier ou un stylo. »Si j’pouvais bonhomme j’te ferais millionnaireEt j’détournerais le fleuve Niger dans les bureaux du FMI,Qu’ils boivent enfin les tasses de la misèreAprès des siècles d’infamiesSi j’pouvais j’te donnerais un stylo enchantéPour que tu réécrives l’histoire, que tu rayes les chapitres noirs,Réconcilier nos ancêtres,Donner de l’espoir à nos mémoires.Troisième thé, sucré comme l’amourEt dans les ruelles de Gao, j’ai une pensée pour celle qui m’aimeNgé son verre gnékélé,Thé troisième verre gnékéléAvec son sang mêlé, mais j’te la présenterai MahmoudLe jour où tu viendrasEt avec mes amis on boira l’thé dans mon p’tit Sahara,Enfin dans l’bac à sable qui s’trouve en bas de chez moi....





