Thomas Pitiot, 2002, in La Terre à Toto
Ca y est j’ai reçu ta lettre,Et bien c’est pas trop tôt.T’as enfin pris ta plume,Pour écrire à Toto ;Ton ancien pote d’avant,Ton compagnon de quatre heuresQuand nous répondions tousAux lois d’ la pesanteur,Aux lois d’ la pesanteur.J’aime assez tous ces mots bizarresEt ces couleurs nouvelles,Des choses tu dois en voir,Des jolies et des belles.J’lui dirai à cette vieilleQui t’envoyait au coinQue t’écris bien mieux qu’elle,Sans virgule et sans point,Sans bidule ni machin.Maintenant qu’t’es sur la luneEt qu’t’as la tête dans notre terre,Avec ton bonnet d’âmeEt tes étoiles de mer ;Tu t’fous bien des drapeauxEt celui qu’t’as trouvéEst de loin le moins beauQu’on ait jamais porté,Qu’on ait jamais planté !A ceux qui promettaient la lune,Qu’étaient cons comme la terre ;Qui voulaient décrocher la thune,Une résidence secondaire,Tu dis qu’ils ont rien vuA part quelques cratèresQu’au royaume de l’œil nuSeul le voyant se perd.Quand viendra mon moment d’saluerVieux, mais encore bien luné,Reviens dans ton premier quartierM’embrasser pour mon dernier quartier.Présente-moi donc ta rousse,Je l’ai toujours trouvée belle ;Je vous promets devant tousLa plus belle terre de miel,La plus belle terre de miel…