Thomas Pitiot, 2003, in La Terre à Toto
Autrefois un jeune homme t’avait parlé d’amour,Tout l’monde s’en fout à la Porte de Clignancourt.Dans ton village, c’était toi la plus belle,Les gens s’en moquent à la Porte de La Chapelle.Ta vieille grand-mère t’avait surnommée « ma violette »,Le monde l’ignore à la Porte de La Villette.L’allumeuse de réverbères peu à peu s’éteint,Ca indiffère les gens Porte de Saint-Ouen.RefrainPetite craquette t’es malhonnête,De faire rougir l’toubabou qu’est tout ébahi ;Qu’est tout baba d’vant tes beaux bijouxQuand tu t’balances, il a les babines qui bégaient.Boul’vard Mac Donald avec des MickeysEt pour des macs, t’as perdu tes plus belles années.Au boul’vard Ney, seule au premier janvier,Des mecs bourrés au feu t’ont crié « bonne année ! ».On t’a fait croire que tes nouvelles ennemiesEtaient des pauvres filles qui venaient d’Albanie ;C’est la loi du marché, y’en a pour tous les goûts,Toi tu t’réchauffes les miches collée aux plaques d’égout.RefrainHé tonton, t’as vu les tétons d’la tata,T’aimerais bien tâter tout ça ?Hé nanard, t’as vu les nénés d’la nana,T’ambitionnes d’y nicher ton nez ?Hé Lulu, tu louches les lolos d’la louloute ?Allez louez nous la belle cam’lotte !Hé Dédé, dicave les doudounes de la dame,Dis donc, ça t’dirait d’faire dodo ?Hé Momo, mate moi les mamelles de la meuf,Mamma mia comme ça m’émeut !Hé frangin, paraît qu’la foufoune de cette fille,Elle fait des feux d’artifice !Hé sister, je sais qu’tes seins ils suintent le sel,Stoppe tes sing’ries de sainte tout de suite !Hé Popaul, paraît qu’la pouf qui t’a pépom,Elle t’aurait passé plein d’morpions….C’est pas la fille du ministre de l’intérieurQu’ira vendre son boul’ sur les extérieurs ;Boul’vard du crime, de la coco et des pleurs,De la misère sexuelle et du sordide labeur.C’est pas la fille du ministre de l’intérieurQui s’ra raccompagnée pour un avion sans ailesPar le cynisme de sinistres éboueursPour un destin jambes ouvertes, bouches cousues et crève cœur.(x2)Refrain