Thomas Pitiot, 2011, in La Place de l’autre
Sur les monuments des villagesA la mémoire des morts sans âgeEncore partis pour la dernière, c’est toujours la dernièreJe lis les noms, j’entends les airs d’accordéonEt ces jeunes garçons qui valsaientDans les fêtes populairesCertains quittaient l’accordéonD’autres laissaient les percussionsChacun son uniforme et chacun sa couleurL’étrange fierté se mêle à la douleur d’antanSur l’autre rive j’écoute me parler un ancien combattantRefrain :Le soir il n’y a plus de lumièreDans le village de ton grand-pèreMais brille encore une lueurDans le regard du tirailleurOui c’est bien de la nostalgieQuand il parle de ParisVille lumière dans sa grisailleIl raconte aux tout petitsC’est lui qui pleure et puis tant pisEn serrant très fort ses médaillesDe quand date-t-elle cette carabineIl faudrait changer la culassePeut-on encore trouver ces vieilles pièces en FranceMalgré la vie qui ratatineIl s’en va tout seul à la chasseLa chasse aux souvenirs, tranquille, tranquille dans son erranceRefrainMais combien de françaisSavent ce qu’il s’est passéExactement à Thiaroye, camp militaireIls ont arrosé l’arroseurRefusé sa solde au soldatTiré sur le tirailleur et réécrit l’histoire encore une foisLes vieux papis mossisSe demandent eux aussiPourquoi ils ont fait la guerreLes vieux grands-pères bantousSe demandent après toutPourquoi avoir été militairesToi qui finis là-basPour ton dernier combatTu ne l’attends plus guère, la pension du soldatTa victoire est ailleursEt du haut de ton âgeTu parles de la paix, grand-père, aux enfants du village.Refrain