Le Mixionnaire

Thomas Pitiot, 2001, in Le Tramway du bonheur

Refrain
J’parle pas la langue de Molière, j’suis un prolo gentilhomme
Pourtant j’aime les belles rimes, les tirades qui résonnent
Et les mots qui m’animent, les mots qui m’plaisent,
J’suis loin de les avoir enregistrés à l’académie française.
Si ça cornegidouille autant que ça bédave,
Vive la rencontre lexicale du ciel et des caves !
Y’a des mots épicés, des mots glacés
Dans le mixionnaire qui me sert à voyager.
 
Et si j’suis fumace, que le courroux violace mes airs enchantés,
Que j’ai envie que mon caillasse fracasse
Les vitrines de la voie lactée,
Si j’ai le « seum », que j’suis vénère mon frère contre la terre entière,
J’m’exprime rarement en vers
Pour cracher ma colère.
 
Et si j’suis heureux
Qu’tu vois au fond de mes yeux
Mon âme qui sourit,
Qu’j’écris en pagaille
Des salamalexandrins pour dire merci la vie,
Qu’j’fais des clins « d’yeux » aux muses
Pour que jamais ne s’use le bagou des trottoirs,
Ni les mots qui se croisent et s’emmêlent
Aux cordes de ma guitare.
 
Refrain
 
Si j’ai le coeur gros
Qu’il pleut dans ma tête
Des vers saturniens,
Qu’j’ai le moral à zéro
Plus de mal que de mots
Pour écrire un refrain,
J’aimerais m’jeter par terre
Comme un gamin qui réclame son Pokemon ;
Pas facile d’exprimer les affres d’un coeur qui bourdonne.
 
Et si j’suis amoureux
Que je multiplie par deux
Les rêves et les doses d’espoir,
Qu’j’ravitaille en couleurs et en fleurs
Les murs gris et les tableaux noirs,
J’ai envie de chanter I love you ma chérie
Ma chebba mi corazon,
C’est le moment où le violon tzigane
Laisse sa place au trombone.